Focus sur l'unité de recherche INSERM UMR-S 976 - oncodermatologie et thérapies
Par le docteur Nicolas DUMAZ, Equipe Oncodermatologie etThérapies
Le mélanome est la plus grave tumeur cutanée chez l’homme.
Si la tumeur est traitée à un stade précoce le pronostic est favorable. En revanche, au stade avancé, cette tumeur est résistante aux chimiothérapies classiques. Depuis quelques années de nouvelles thérapies ont été́ développées soit pour inhiber des voies de signalisation soit pour réactiver le système immunitaire. Ces thérapies sont rapidement devenues une pierre angulaire dans le traitement du mélanome. Cependant, plus de 50% des patients résistent à ces traitements justifiant le besoin de nouvelles approches thérapeutiques. Une des pistes actuelles est d’empêcher « l’hyper » fonctionnement de la cellule tumorale en bloquant certaines voies de signalisation trop actives dans la cellule tumorale.
Le but des projets du laboratoire est de comprendre d’une part comment les signaux extracellulaires contrôlent la croissance des mélanocytes, cellules dont sont issus les mélanomes, et d’autre part comment les mélanomes peuvent échapper à un tel contrôle.
Il existe de nombreuses voies de signalisation dans les mélanocytes qui sous l’action des ultraviolets subissent des modifications (ou « mutations génétiques ») entrainant leur activation spontanée sans la présence de signal déclencheur. Par exemple, la protéine BRAF est un des maillons de la voie de signalisation de la croissance cellulaire et se retrouve mutée dans 40 à 50% des mélanomes, entrainant la prolifération de la cellule. Les inhibiteurs de BRAF associés aux inhibiteurs d’une autre enzyme, MEK, sont utilisés pour traiter les mélanomes et ont des effets rapides et importants sur les cellules tumorales. Malheureusement, plus des trois-quarts des patients sous thérapies ciblées développent des résistances au bout de trois ans.
L’équipe de recherche s’intéresse à plusieurs protéines (EMMPRIN, KINDLIN, KIT, PDE4 et RICTOR) qui jouent des rôles importants non seulement dans les voies de signalisation activées dans les cellules tumorale mais aussi dans l’intéraction de la cellule tumorale avec son environnement. Nous souhaitons découvrir comment ces protéines sont impliquées dans le développement des mélanomes et dans leur réponse aux thérapies ciblées. Le décryptage des voies de signalisation impliquées dans la formation des mélanomes aura un impact sur le traitement de ces tumeurs à travers l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques contre lesquelles des médicaments pourront être développés.
L'intérêt majeur de ces traitements ciblés est de permettre une élimination spécifique des cellules tumorales sans endommager les cellules saines et ainsi de ne pas induire d’effets secondaires sévères. Les projets de l’équipe sont réalisés en étroite collaboration avec le service d'oncodermatologie de l'hôpital Saint Louis dirigé par le Pr. Céleste Lebbé ce qui est un atout primordial pour leur réussite.
Glossaire :
Les voies de signalisation permettent aux cellules de communiquer entre elles et avec leur environnement. Des signaux extracellulaires (hormones, facteurs de croissance...) viennent se fixer à la surface des cellules et entrainent une cascade de réactions chimiques entre diverses protéines à l’intérieur même de la cellule. Chaque cascade transmet un « message » différent au noyau où se trouvent les « commandes » de la cellule. L’ensemble de ces étapes définissent une voie de signalisation. Par exemple : lorsqu’un facteur de croissance se fixe sur la cellule, le message transmis au noyau est celui de faire grandir et multiplier la cellule. Les voies de signalisation interagissent entre elles pour réguler de façon très précise la réponse des cellules aux signaux extracellulaires. En revanche, les cellules tumorales échappent souvent au contrôle exercé par ces signaux en modifiant les voies de signalisation.