Le nouveau Plan Cancer : plus que jamais, besoin de vous

Le Professeur Joseph GLIGOROV nous livre sons analyse du nouveau Plan Cancer : *** La contribution associative à l'amélioration de la prévention et la prise en charge des cancers en France reste donc fondamentale***

Le nouveau Plan Cancer : plus que jamais, besoin de vous

Le 4 février dernier à l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, a été dévoilé le nouveau plan cancer.

On note tout d’abord que ce plan porte sur une période décanale (2021-2030) et qu’il fixe pour la première fois des objectifs chiffrés de santé publique. Quatre axes d’amélioration ont été très clairement identifiés comme prioritaires.

  • Le premier correspond à la prévention primaire ou comment éviter l’apparition des cancers.

Il s’agit de réduire de 60 000 par an le nombre de cancers évitables à horizon 2040.

Pour être plus clair, on diagnostique environ 1000 nouveau cancers par jour actuellement en France. Parmi eux, environ 40% sont dit « évitables » et l’objectif serait de réduire d’un tiers le nombre de ces cancers évitables. La cible serait donc, si le nombre de cancers non évitables n’augmente pas d’avoir une incidence quotidienne de 750 nouveaux cas de cancers. Mais le Centre International de Recherche sur le Cancer estime que nous aurons une augmentation globale de l’incidence des cancers de 50% dans le monde sur la période 2020-2040. Essentiellement due à l’amélioration de l’espérance de vie dans les pays en voie de développement et l’amélioration de la prise en charge des autres causes de mortalités après 50 ans, cette augmentation de l’incidence ne portera pas que sur les cancers évitables et de ce fait, même si la prévention primaire est importante, la prévention secondaire, et donc le dépistage, reste essentielle pour réduire le risque de mortalité lié aux cancers.

  • Le second point du nouveau plan cancer porte donc sur la prévention secondaire, autrement dit le dépistage.

Il s’agit de renforcer le dépistage en faisant participer à partir de 2025, 1 million de personnes en plus par an aux programmes, soit 14 millions de personnes dépistées à horizon 2030.

Cet objectif est atteignable mais il s’agit en fait d’une augmentation relativement modeste de personnes dépistées au sein de la population cible (la plus à risque de cancers). En effet, on estime que vers 2025-2030, les personnes âgées de 50 ans seront aux environs de 30 millions d’habitants en France. De plus, si le dépistage actuel porte sur 3 des 4 cancers les plus fréquents (cancers colorectaux, prostatiques et sein), le quatrième qui ne bénéficie pas d’un programme de dépistage national est malheureusement le plus mortel. Il s’agit du cancer bronchique. Malgré des progrès thérapeutiques indéniables qu’il faut continuer de soutenir et accompagner, il est donc indispensable que le dépistage des cancers bronchiques dans les populations à risque puisse être initié rapidement.

  • Le troisième point porte sur l’optimisation du rapport efficacité/toxicité des traitements des cancers.

L’objectif est de réduire de deux tiers les séquelles liées aux traitements 5 ans après un diagnostic. Ceci porte donc essentiellement sur les pathologies curables ou avec une espérance de vie longue après le diagnostic de cancers. Les stratégies porteront schématiquement sur trois approches. D’abord éviter les traitements inutiles en identifiant les patients qui bénéficient des traitements. Rappelons par exemple qu’en France, le remboursement d’un certain nombre de tests theranostiques (qui permettent de prédire l’intérêt ou pas d’un traitement) ne sont toujours pas inscrits sur la liste des actes de biologie médicale. Ensuite le développement de nouveaux traitements moins toxiques et plus efficaces permettant de réduire le nombre d’effets secondaires, ou encore mieux les éviter, tout en maintenant la même efficacité du traitement. Enfin, la prise en charge des symptômes liés aux traitements dans le cadre d’un déploiement plus large et équitable des soins de support et des soins de confort permettant d’atténuer les effets secondaires existants.

  • Le dernier point porte sur l’amélioration de l’espérance de vie pour les patients ayant des cancers particulièrement graves.

Il s’agit ici du seul objectif parmi les quatre qui n’ait pas été chiffré. C’est ici le terrain majeur de l’investissement en recherche fondamentale et en recherche clinique qui se traduira par des améliorations importantes que nous espérons tous voir arriver très vite.

La première partie de la feuille de route porte sur les 5 premières années et sera coordonnée par l’Institut National du Cancer qui disposera d’un budget de 1.74 milliards pour couvrir les objectifs de cette période.

Cette somme peut paraitre conséquente et est en augmentation par rapport au dernier plan.

Toutefois, il faut rappeler que selon une étude du cabinet Astéres en 2017, le coût estimé des cancers en France est proche de 30 milliards d’euros par an dont près des 2/3 est maintenant représenté par le prix des médicaments et des soins, le reste étant lié au nombre d’années de vies perdues impactant l’économie du pays.

La contribution associative à l‘amélioration de la prévention et la prise en charge des cancers en France reste donc fondamentale et contribue déjà aux objectifs décrits par ce nouveau plan cancer.

VAINCRE LE CANCER en soutenant des programmes de soins de support et de confort, de recherche fondamentale et clinique et de prévention s’inscrit dans cette mission d’intérêt publique au côté des patients, des soignants, des chercheurs et des accompagnants.

Merci pour votre soutien renouvelé.

Professeur Joseph GLIGOROV

Directeur exécutif - institut universitaire de cancérologie AP-HP Sorbonne-Université - Sciences et humanités contre le cancer voir son parcours sur ce lien