Focus Unité INSERM 1135 - par le docteur Amélie GUIHOT

Le Docteur Amélie GUIHOT est PCU-PH, Responsable secteur immunopathologie et immunorégulation, département d'immunologie, DMU Biogem, CIMI Paris, groupe hôpital La-Pitié-Salpêtrière.

Focus Unité INSERM 1135 - par le docteur Amélie GUIHOT

Le nombre de patients immunodéprimés est grandissant en France. On entend par immunodépression toute situation ou le système immunitaire est affaibli par une situation particulière : infection virale touchant les cellules du système immunitaire, essentiellement infection par le virus de l’immunodeficience humaine (VIH), mais aussi prise de traitements immunosuppresseurs pour éviter le rejet de greffe ou la réaction du greffon contre l’hôte dans le cadre de greffe de cellules souches hématopoiétiques.

Dans certaines conditions liées au degré d’immunodépression mais aussi à d’autres facteurs environnementaux comme le tabac, un cancer peut survenir au cours du suivi médical pour la pathologie d’origine.

Les immunothérapies par inhibiteurs des points de contrôle immunitaires (ICI) sont maintenant largement utilisés dans le traitement de plusieurs types de cancer et a grandement amélioré le pronostic de certaines tumeurs. La question de savoir si ces immunothérapies pouvaient être administrées aux personnes immunodéprimées, dont le système immunitaire est affaibli, est une question fréquemment rencontrée au sein du groupe hospitalier Pitie Salpêtrière qui prend en charge de nombreux patients.

Nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui développement un cancer bronchopulmonaire, ou d’autres cancer solides.

En effet, l’utilisation des ICI est délicate chez le greffé. Une cohorte nationale de PVVIH a été constituée, promue par l’agence nationale de recherche sur le sida /maladies infectieuses émergentes (ANRS Co 24 OncoVIHac ANRS/MIE), ainsi qu’un essai clinique promu par l’intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT-CHIVA-2). Il n’y a pas eu davantage d’effets indésirables de l’immunothérapie par rapport à la population générale.

La sous étude biologique qui a été réalisée au laboratoire grâce à des financements de l’ANRS et de VAINCRE LE CANCER montre que l’immunothérapie pouvait être administrée en toute sécurité vis-à-vis du virus VIH et d’autres virus que l’on appelle co-infectant comme le VHB, le VHC, le CMV, l’EBV ou le HHV-8, les charges virales étant contrôlées et les réponses immunes maintenues vis-à-vis des virus.

Ceci représente une avancée majeure pour le traitement par immunothérapie des cancers chez les PVVIH. En effet, chez les PVVIH, les cancers peuvent être traités sur le même mode que dans la population générale, et les interactions médicamenteuses entre les traitements antirétroviraux et les anticorps monoclonaux utilisés pour l’immunothérapie sont très rares.

L’autre thématique de notre groupe de recherche s’intéresse plus particulièrement aux cancers-viro induits chez les personnes immunodéprimées. En effet, certains virus qui sont normalement contrôlés par le système immunitaire peuvent être à l’origine de cancers ou lymphoproliférations suite à une immunodepression. Ces virus oncogènes sont à l’origine de plusieurs types de tumeurs : lymphome viro-induit du transplanté ou chez les PVVIH (virus EBV), maladie de Kaposi et maladie de Castelman (HHV-8), cancer du canal anal et du col de l’utérus (HPV)…

Nous nous intéressons plus particulièrement aux lymphoproliférations EBV induites du sujet transplanté (réseau K-Virogref) qui peuvent survenir quelques mois/années après la greffe. Nous avons pu mettre en évidence qu’au cours de ces pathologies, il existait une diminution de la réponse lymphocytaire T à certaines protéines de l’EBV, et que cette diminution pourrait être liée à un épuisement de ces lymphocytes. Ceci suggère que la lymphoprolifération EBV est liée à la baisse de l’immunosurveillance de l’EBV par les lymphocytes T. Ces résultats sont importants pour la prévention de ces pathologies puisqu’une baisse de l’immunosuppression induite par les médicaments est possible dans certains cas et pourrait éviter le recours aux chimiothérapies.

Le docteur Amélie GUIHOT a bénéficié d’une bourse de recherche de VAINCRE LE CANCER portant sur l’étude ONCOVIRIM dans le cadre de l’essai CHIVA2 pour les PVVIH (patients vivant avec le VIH) atteints de cancer sous immunothérapie. C’est uniquement grâce aux dons que nous pouvons financer ces programmes de recherche innovants. Nous comptons sur vous pour continuer à nous soutenir.

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