L'ostéopathie, une alliée après un cancer du sein
Par Mme Laurence THOMAS ostéopathe DO DU Psychosomatique psychanalytique DU Hypnose médicale et clinique Certificat d’ostéopathie périnatale et pédiatrique Ancienne consultante CETD Hôpital R. Debré Maitrise Sciences de la vie et de la terre
L’ostéopathie a une approche globale de la fonctionnalité du corps, elle recherche les causes des symptômes à partir des différents systèmes du corps humain par des mobilisations adaptées et raisonnées des différentes structures du corps.
L’ostéopathie ne se résume pas qu’à des gestes techniques. Comme toute approche corporelle, elle engage aussi bien le schéma corporel que l’image corporelle de la patiente altérés par les traitements. Afin de faire des liens avec les différents systèmes, l’anamnèse doit être rigoureuse et nécessite de connaitre les comptes rendus des examens complémentaires et chirurgicaux. L’ostéopathe ne travaille pas seul mais au sein d’un réseau de théra-peute : psychologue, psychomotricien, kinésithérapeute permettant une prise en charge globale et sécurisante.
Quels sont les motifs de consultations récurrents après un cancer du sein :
Lymphœdème pouvant être associer à des douleurs de type décharge électrique. Perte de mobilité, douleur de l’épaule et du bras, douleurs cervicales, dorsales, lombaires douleurs musculo-squelettiques diffuses.
Une prise en charge en ostéopathie :
Une patiente de 58 ans, est adressée par son kinésithérapeute pour des céphalées de tension associées à des dorsalgies et lombalgies, une scapulalgie, ayant entrai-né l’arrêt de la rééducation fonctionnelle. Trois ans plus tôt cette patiente a eu une mastectomie avec une reconstruction à partir d’un lambeau du grand dorsal. La palpation révèle une allodynie péri-cicatricielles au niveau du prélèvement du lambeau, des tissus infiltrés et douloureux à la palpation au niveau du dos, du thorax et du sein. Elle présente un déséquilibre postural important à la fois par la recherche de positions antalgiques et celles dues au prélèvement musculaire : le grand dorsal intervient dans la biomécanique du bassin, de l’épaule et du bras, il stabilise la position érigée, la marche. Suite au décès d’un proche, cette patiente a décompensé psychiquement et physiquement rompant un équilibre déjà très précaire à l’origine de douleurs chroniques fonctionnelles et dysfonctionnelles. Un premier travail sur les adhérences cicatricielles et l’amélioration de la circulation locale et générale ont permis de réduire les lymphœdèmes et les douleurs induites, les deux autres séances seront consacrées au rééquilibrage postural.
Cette patiente a pu reprendre sa rééducation, la mise en place de semelles orthopédiques l’assiste dans son nouveau schéma postural. La recherche d’une pratique non centrée sur la maladie permet aux patientes de parler de leurs douleurs et de leurs souffrances, parfois non exprimées ou non entendues lors des visites à leur oncologue ou chirurgien centrées sur la récidive ou la rémission définitive du cancer.
La détresse exprimée, la peur de leur corps montrent leur solitude face aux séquelles de la maladie tant sur le plan psychique que somatique. Leur état de « rémission définitive » les laisse seules face à leurs souffrances physiques et psychiques, face à l’insécurité d’une récidive rappelée à chaque contrôle. L’ostéopathie par son approche corporelle globale de la fonctionnalité du corps et une écoute différente de leurs symptômes permet de soulager ces patientes en souffrance et de créer un lien, une alliance thérapeutique opérante.
La consultation est un temps d’expression de leur corps douloureux, un temps pour exprimer leur peur et leur colère. Un temps de soin bienveillant.