Etat des lieux sur le cancer du pancréas
Par le Professeur Romain CORIAT, Chef de service du service de Gastroentérologie, d’endoscopie et d’oncologie digestive, Hôpital Cochin, APHP - Université Paris Cité, Paris
D'ici 2030, l’adénocarcinome pancréatique, plus connu sous le terme « cancer du pancréas » devrait devenir la deuxième cause de mortalité liée au cancer aux États-Unis. En France, l’incidence (nombre de nouveaux cas par an) ne cesse d’augmenter, elle était de 8 000 dans les années 80 et atteint plus de 14 000 maintenant.
Aujourd’hui, le taux de guérison d’un cancer du pancréas est faible mais il est certain qu’un diagnostic à un stade localisé augmente les chances de guérison. Actuellement, la chirurgie est la seule option curative. Moins de 20 % des patients atteints d’un cancer du pancréas sont éligibles à une chirurgie carcinologique car les patients ont souvent une maladie métastatique et/ou une tumeur arrivant au contact des vaisseaux notamment lorsque la tumeur entoure sur plus de 180° l’artère mésentérique supérieure.
A ce jour, il n’y a pas de dépistage systématique du cancer du pancréas comme cela peut exister pour les cancers du sein, du colon ou de la prostate. Environ 80 % des diagnostics de cancer du pancréas sont réalisés à un stade avancé.
De nouvelles chimiothérapies ont prouvé leur efficacité à un stade métastatique. C’est le cas des protocoles de chimiothérapie FOLFIRINOX (associant du 5-Fluoro-uracile, de l’oxaliplatine et de l’irinotecan) et GEM-Nab (associant de la Gemcitabine et du Nab-Paclitaxel). Ces traitements permettent d’allonger l’espérance de vie des patients. Malheureusement l’efficacité de ces traitements reste encore perfectible avec des survies médianes à un stade métastatique allant de 12 à 18 mois. Si la chimiothérapie améliore l’espérance de vie des patients présentant un cancer du pancréas, le développement d’autres traitements est nécessaire.
A ce titre les thérapies ciblées, l’immunothérapie et la vaccination sont les trois voies explorées.
Ces thérapeutiques permettent d'identifier et de cibler les antigènes présents à la surface des tumeurs du pancréas.
Pour les thérapies ciblées, une molécule est sortie du lot, l’Olaparib. L’Olaparib a montré son efficacité chez les patients atteints d'un cancer du pancréas métastatique et porteurs d'une mutation germinale des gènes BrCa1 ou BrCa2. L'Olaparib est un inhibiteur de la Poly-Adénosine-diphosphate-Ribose-Polymérase (PARP) et a eu une activité anti-tumorale exclusivement dans cette population de patients mutés BrCa. L’efficacité de l’Olaparib a été prouvée lors d’un essai randomisé contre placébo après contrôle de la maladie par une chimiothérapie à base de sels de platine. C’est un traitement oral, pris deux fois par jour et tous les jours. Lors de l’essai, la survie sans progression était significativement plus longue dans le groupe Olaparib que dans le groupe placebo (7,4 mois vs. 3,8 mois ; p=0,004). Même si l’Olaparib améliore la survie des patients, le gain reste, à ce jour, modeste. La place de l’immunothérapie dans l’arsenal de traitement contre le cancer du pancréas est très faible car, pour le moment aucune immunothérapie (anti PD1, anti PD-L1, Anti CTLA4) n’a montré son efficacité.
Enfin et c’est l’objet de beaucoup d’attente, les inhibiteurs du point de contrôle de la mort programmée, la protéine 4 associée aux lymphocytes T cytotoxiques, la thérapie par cellules T à récepteur d'antigène chimérique, la thérapie virale oncolytique et les thérapies vaccinales sont des sujets de recherche très prometteurs. Il faut noter tout particulièrement dans les thérapies vaccinales les vaccins K-RAS, les vaccins ciblant la survivine, les vaccins basés sur le complexe peptidique de la protéine de choc thermique (HSP) et les vaccins contre la MUC-1.
Pour le moment, aucune de ces thérapeutiques n’a été validée pour une prise en charge en clinique. La recherche doit se poursuivre afin de finir par vaincre cette maladie.