La photobiomodulation- thérapie émergente en oncologie

Le docteur Camélia BILLARD-SANDU, oncologue, département d’oncologie-radiothérapie, Gustave Roussy, décrypte la photobiomodulation, thérapie émergente en oncologie, une technique, non invasive et non douloureuse, fondée sur la lumière et employée pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes

La photobiomodulation- thérapie émergente en oncologie

Issue de la technologie du laser, la photobiomodulation (PBM) existe depuis plus de 50 ans. Cette technique innovante, non invasive et non douloureuse fondée sur la lumière est employée pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes. En oncologie, elle favorise la tolérance aux traitements par chimiothérapie, thérapie ciblée ou radiothérapie par son rôle dans la prévention ou le traitement des certains effets secondaires.

La photobiomodulation est aujourd’hui en plein essor grâce aux découvertes récentes sur les mécanismes d’action au niveau cellulaire mais aussi aux progrès dans la définition des paramètres physiques des nouveaux appareils.

La technique consiste à exposer des cellules ou des tissus à une lumière de longueurs d'onde spécifiques pour stimuler leur activité.

Les longueurs d'onde de lumière utilisées dans la PBM sont souvent des longueurs d'onde rouges ou proches de l'infrarouge, qui sont absorbées par les mitochondries des cellules. Les mitochondries sont responsables de la production d'énergie cellulaire, et la stimulation de leur activité par la lumière entraine une augmentation de la production d'ATP, le carburant cellulaire.

La PBM peut influencer l'activité cellulaire soit par la stimulation soit par l'inhibition des fonctions physiologiques. Au niveau tissulaire, la PBM stimule et favorise les processus positifs tels que la cicatrisation, la régénération et les réponses immunitaires et médie les processus négatifs tels que l'inflammation ou la douleur.

Jusqu’à présent les cibles cliniques identifiées pour la thérapie par photobiomodulation sont :

  • les tissus endommagés pour favoriser la guérison, le remodelage et réduire l'inflammation ;
  • les ganglions lymphatiques pour réduire l'œdème et l'inflammation ;
  • les nerfs pour induire l'analgésie ;
  • les points de déclenchement pour réduire la sensibilité et détendre les fibres musculaires contractées.

Les bénéfices de la PBM sont multiples. En oncologie, la photobiomodulation est utilisée pour aider à cicatriser les tissus endommagés, améliorer la réponse immunitaire, réduire l'inflammation et ainsi prévenir ou traiter certains effets secondaires des traitements conventionnels. Plusieurs sociétés savantes internationales (MASCC/ISOO ou ESMO) recommandent cette technique dans la prévention des mucites (inflammation des muqueuses buccales) radio ou chimio-induites en onco-hématologie ; mais également dans la prevention et le traitement des radiodermite (brûlure de la peau induite par la radiothérapie) dans les cancers du sein.

D’autres indications émergent et font actuellement l’objet d’études cliniques  : neuropathie périphérique induite par certains chimiothérapies (fourmillements, picotements ou perte de sensibilité), fibrose cutanée (effet cartonné de la peau après radiothérapie), lymphœdème (gonflement des tissus), sècheresse buccale ou trismus (contraction constante et involontaire des muscles de la mâchoire).

La photobiomodulation permet de diminuer la consommation des médicaments tels que morphiniques (contre la douleur), antifongiques et antibiotiques (traitement des infections dues à une prolifération de champignons ou de bactéries).

La diminution de l'incidence, de la durée et/ou de la sévérité des toxicités aigues ou chroniques par cette thérapie émergente permet de conserver la qualité de vie pendant et après traitements anticancéreux et en conséquence l'adhésion des patients aux traitements.